Sur le schéma tiré du Stellarium, on peut voir l'emplacement dans le ciel de la constellation du Loup : elle est indissolublement collée à celle du redoutable Scorpion, dont elle ne partira jamais à bonne distance... En fait, la belle Antarès sert de phare pour retrouver cette constellation peu connue qui, comme dans d'autres cas, contient en son sein des objets intéressants, bien que moins frappants et reconnaissables.
En ce qui concerne précisément la reconnaissabilité du loup, auquel la constellation est associée, nous pouvons déjà dire que la figure officielle est autrefois si sympathiquement évocatrice d'un loup légèrement potelé regardant le Scorpion, étudiant ses mouvements.
Le nom, l'histoire, le mythe de la constellation du loup
Le loup est une constellation très ancienne, connue depuis l'époque des anciens Grecs, mais à l'origine elle n'était pas connue sous ce nom. Il était considéré comme faisant partie de la constellation du Centaure, ou comme une bête, mais féline.
Sa mythologie est cependant contrastée : certains pensent que le loup est celui empalé par le Centaure voisin pour être offert en sacrifice aux dieux sur l'autel (la constellation voisine Ara), ou qu'il s'agit d'une victime humaine ou d'un lièvre tenant son bras tendu au-dessus de l'autel, prêt à tuer. En réalité, il est difficile de distinguer de quelle bête il s'agit, elle est esquissée de façon confuse, ou c'est un mélange de parties d'animaux assemblés. Selon d'autres, la constellation représente Lycaon, le féroce roi d'Arcadie, qui faisait des sacrifices humains et a donc été transformé en loup par Zeus. Il s'agit certainement du lien avec l'ancienne constellation babylonienne UR.IDIM (le chien hydrophobe).
Les Arabes, au contraire, ont indiqué cette constellation en traçant une lionne ou un léopard dans son astérisme.
Hevelius avait ainsi représenté le gentil mais redoutable canid

alors que dans l'Uranométrie, cela ressemblait à ceci

Enfin, Stellarium le représente de façon similaire, mais vu de loin, il semble être un cheval.

Deux étoiles, grandes mais petites

Oui, sur le diagramme de comparaison ci-contre, on voit qu'il y a deux grandes étoiles, l'une 50 fois et l'autre 42 fois notre Soleil. Si vous y réfléchissez bien, ils sont déjà énormes : un Soleil 50 fois plus grand que celui auquel nous sommes habitués nous donnerait quelques maux de tête supplémentaires, mais en fait, par rapport aux autres monstres stellaires, les supergéantes que nous ne voyons que partiellement dans le diagramme semblent disparaître. Mais s'ils disparaissent, alors Aldebaran aussi, qui une fois de plus est encore plus petit que deux nuits anonymes que personne ne connaît.
Le plus grand, celui qui a un rayon égal à 50 fois notre Soleil est φ1 Lup, de classe stellaire K5, tandis que le second est Lup, avec un rayon de 42x, de classe F3. Mes amis Filuppi de la première étoile et Ilupini de la seconde sont d'accord avec moi pour dire qu'il n'est pas nécessaire de publier la photo de leur étoile à une distance de 10 UA : surtout les seconds, qui vivent sur une planète où pousse une légumineuse dont les graines jaunes sont excellentes comme snack (dont ils sont gourmands et d'où ils tirent leur nom) n'aiment pas la publicité médiatique sur leur planète. En fait, ils se plaignent que les touristes ne font rien d'autre que de manger ces légumineuses avec des hectolitres d'apéritifs, ce qui met à rude épreuve leurs stocks... On voit bien qu'ils ne sont pas adaptés au commerce...
Mais assez de ces absurdités !
Quatre étoiles à proximité
Dans cette constellation, il y a quatre étoiles dont la distance est inférieure à mon seuil de 60 al et même la première est inférieure à 20 al. La plus proche, en fait, est la Gliese 588 (HIP 76074), une étoile rouge de classe M2 placée à seulement 19,2 al de notre Soleil : évidemment, la juste se réfère aux distances galactiques, mais de toute façon elle reste une distance à la portée des vaisseaux interstellaires de science-fiction. Vu d'une position proche de cette étoile, notre Soleil apparaît de magnitude 3,7 dans une zone du ciel à prédominance "boréale", dans laquelle se distinguent Capella et l'intrus habituel Alpha Centauri, qui est un peu le persil des étoiles : combien de fois l'avons-nous croisé dans nos pérégrinations parmi les autres étoiles proches ! Si l'on y réfléchit bien, c'est très évident, car Alfa Centauri est l'étoile la plus proche de nous (à part sa compagne Proxima) et ses 4 à distance lui permettent d'apparaître ici et là dans le ciel d'autres étoiles proches dans des endroits inhabituels, dans le jeu géométrique habituel mais spectaculaire qui considère les étoiles dans un environnement tridimensionnel et non attachées au ciel comme le pensaient les anciens.
A partir de la deuxième étoile par ordre de distance, ν2 Lup de classe stellaire identique à notre naine jaune, placée à 42 al, le Soleil apparaît au contraire plongé dans un petit groupe d'étoiles de faible luminosité d'un Persée dans lequel apparaît le bien connu Sirius : sa distance de 8 al le fait apparaître quand on s'y attend le moins, exactement pour la même raison qu'Alpha Centauri. Mes amis de Niduelupici pensaient en effet que le Soleil faisait partie d'un amas ouvert : avec satisfaction, je peux dire que c'est moi qui ai signalé leur erreur il y a quelque temps, à tel point que le nouveau nom de la naine jaune toute proche est devenu récemment Piellepia...
La troisième étoile proche est HIP 77358, de classe spectrale G6 et de magnitude 6, placée à 49,7 heures de nous : sur la photo fournie par mes amis Hipilupi, nous voyons que notre Soleil s'est détaché du petit groupe précédent, maintenant à mi-chemin entre ce petit groupe et l'amas d'étoiles bien connu des Pléiades.
La quatrième étoile proche de nous est finalement g Lup, une étoile de magnitude 4,6 (et donc visible à l'oeil nu dans un ciel sombre), de classe F5, à une distance de 57 al : mes amis Glupi m'ont donné une photo dans laquelle cette fois-ci on peut voir notre Soleil un peu plus près du désormais célèbre groupe d'étoiles, mais déjà à la limite de la visibilité de l'oeil glupan.
Objets du Deep Sky
Après quelques facéties, juste pour diluer l'article habituel plein d'annotations et d'acronymes scientifiques abscons, on voit ensemble plusieurs objets vraiment spectaculaires.
Commençons par l'amas globulaire NGC 5824, petit, compact, immergé dans une mer d'étoiles, sur cette photo de HST, comme les autres : en cliquant sur la photo, vous pouvez voir une version à plus haute résolution.

l'amas globulaire NGC 5824
Le deuxième objet est un autre amas globulaire, NGC 5986, cette fois plus grand et plus riche en étoiles brillantes

l'amas globulaire NGC 5986
La série des amas globulaires se poursuit avec NGC 5822

l'amas globulaire NGC 5822
puis avec NGC 5749

l'amas globulaire NGC 5749
et enfin avec NGC 5927

l'amas globulaire NGC 5927
Nous avons maintenant une belle nébuleuse planétaire, appelée NGC 5882

la nébuleuse planétaire NGC 5882
Le dernier objet est ce qu'on appelle la nébuleuse de la rétine, IC 4406, une autre belle et étrange nébuleuse planétaire digne d'être insérée dans le bureau de notre PC.

la belle nébuleuse de la Rétine
Noms des stars
Les deux étoiles les plus brillantes de la constellation du Loup ont reçu un nom, peut-être utilisé uniquement en Extrême-Orient.
- Men (α Lup) : nom d'origine chinoise signifiant "Porte du Sud
- Kekouan (β Lup) : nom d'origine chinoise qui signifie officier de cavalerie
Dans les deux cas, il n'y a pas de relation avec un loup.
Visibilité
La sympathique constellation du loup est visible depuis nos latitudes, mais étant donné sa position dans le ciel, elle apparaît bas sur l'horizon (10-15°) même à la visibilité maximale, que nous avons, à 21 heures, à la mi-juillet : depuis quelques mois au tournant de cette date, le loup est encore plus bas sur l'horizon, observable avec plus de difficulté.